Les dérives de la pêche de la carpe
Les dérives de la pêche de la carpe
La pêche de la carpe est une passion, ou du moins une activité, pratiquée par de plus en plus de personnes en France. Si elle était encore confidentielle avec les techniques modernes il y a une trentaine d’années, elle s’est vraiment démocratisée depuis. L’accélération de la communication et du partage de connaissances lié en partie aux réseaux sociaux est un facteur permettant d’expliquer ceci. Mais il y en a d’autres évidemment. Pour n’en citer qu’un, on peut généraliser en disant que toutes les activités d’extérieur ont le vent en poupe. Et si cela n’a pas attendu la pandémie du Covid pour évoluer, c’est d’autant plus vrai depuis. Mais, comme dans chaque domaine, il y a un revers de la médaille. Et ça, tout le monde le paye. Les poissons, le milieu, les “vrais passionnés”, … Dans ce nouvel article, qui je l’espère fera réfléchir un maximum de personnes, échangeons autour des dérives de la pêche de la carpe.
La sur-fréquentation et les impacts, les premières dérives de la pêche de la carpe
Parmi les dérives de la pêche de la carpe, ou peut-être même plutôt les impacts, j’ai envie de parler de nos camarades de jeu. Les Carpes. Et aussi les milieux dans lesquelles elles nagent. Car, que ce soit en lacs, en plans d’eau ou en rivières, ces eaux sont de plus en plus pêchées. C’est effectivement lié au fait que nous sommes de plus en plus nombreux à pêcher. Mais, et ceci est purement subjectif, j’ai quand même l’impression que les pêcheurs accordent de plus en plus de temps à leur loisir. La combinaison de ces deux facteurs fait que les carpes et le milieu aquatique sont de plus en plus sollicités.
Comme premier impact, on pourrait parler de la pollution. J’exclue volontairement ceux qui n’ont toujours pas compris qu’on ramassait ses déchets. Ils ne méritent pas qu’on leur accorde davantage de temps. En termes de pollution, il a en effet les déchets qu’on peut laisser par inadvertance. Ou même les plombs qui s’accumulent au fond de l’eau. Quand on connaît les effets de l’exposition au plomb (saturnisme), on est en droit de s’interroger sur l’impact environnemental. Il y a aussi, qu’on qu’on en dise, les lignes qui finissent au fond de l’eau suite à des casses. Que ce soit sur des poissons ou des montages tanqués, ça arrive à tout le monde. Et ce, même si on essaie d’optimiser son matériel pour limiter la casse justement.
Des dommages sur les poissons
Et, en plus de cette pollution, on peut aussi parler des dommages sur les poissons. Evidemment, dans le cas d’une casse comme évoqué, il y a des chances d’abîmer le poisson s’il ne parvient pas à se décrocher. Mais d’une manière plus générale, les manipulations des poissons mal réalisées, ou avec un petit accident, les multiples piqures, les (longues) nuits dans le sac de conservation, … Tout ceci a un impact sur la santé des carpes. Et, plus nous sommes nombreux, plus ces impacts seront lourds.
Loin de moi l’idée de vous suggérer d’arrêter votre passion. Mais, il me semble important que nous ayons tous conscience que notre passion n’est pas sans conséquences. Et, en prenant conscience, de tous faire davantage attention pour limiter ses dérives, que ce soit sur les poissons, le milieu aquatique, les berges, …
Le trafic de poissons, une des plus grosses dérives de la pêche de la carpe
Cette dérive est probablement la plus déplorable à mes yeux. Qu’il s’agisse de déplacer des poissons d’un lieu public à une autre eau publique, ou d’une eau publique à un lieu privé, autant faire simple, c’est formellement interdit et sévèrement répréhensible par la loi.
Ce paragraphe n’a pas pour but de taper sur les plans d’eau privés au sens large. En effet, la très grande majorité sont “propres” et n’ont jamais été associés de près ou de loin à du trafic de poissons. Cependant, ce n’est pas le cas de tous. Nous avons tous entendu parler d’une grande firme ayant déplacé des poissons vers un plan d’eau leur appartenant. Même si je ne cautionne pas, loin de là, cette affaire a permis de mettre un coup de projecteur sur le trafic de carpes. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un mal pour un bien. Mais cela aura au moins eu comme bénéfice d’éclairer ces dérives de la pêche de la carpe.
Un trafic vaste en termes d’eaux concernées
De nombreux carpistes ont ensuite révélé des cas, isolés ou non, de poissons qui ont été déplacés. Le Rhône, des barrages, des petits plans d’eau, …, de nombreuses eaux ont été victimes d’agissements de la sorte. Tout ça pour quoi ? Pour que certains lieux commerciaux puissent justifier de poissons d’exception, que ce soit en poids ou en écaillage. Malheureusement, ces mêmes poissons une fois déplacés, n’ont pas forcément bien vécu. Et beaucoup d’entre eux ont dépéri. J’ai en tête une commune de plus de 20kg issue du Rhône, déplacée sur un petit étang, qui a fini sa vie à 12 kg, toute amaigrie. Jusqu’à en mourir.
On en parle un peu moins depuis quelques années. J’ai espoir que le trafic se soit ralenti même si c’est peut être naïf de ma part. Ce qui est sûr, c’est que les cas avérés sont davantage médiatisés. Prenons l’exemple de cette très grosse commune du Der déplacée dans un plan d’eau qui, grâce à l’action de certains, a retrouvé son eau d’origine. Alors, en cas de trafic avéré, n’hésitez pas à le communiquer à votre fédération ou à certains pêcheurs impliqués dans ces sujets !
La course à l’égo et au sponsoring
Une autre des dérives de la pêche de la carpe, c’est probablement la course à l’égo. Bien aidé par les réseaux sociaux, ce phénomène ne cesse d’évoluer. On ne compte plus les pêcheurs qui pratiquent ce loisir non pas par passion, mais plutôt dans le but de se mettre en avant. Évidemment, la pêche de la carpe est loin d’être le seul hobby touché par ce phénomène. C’est un élément sociologique global. De nombreuses personnes sont en recherche de visibilité, en quête d’égo. Pas seulement pour pouvoir dégoter un partenariat avec une marque. Mais plus généralement pour mettre en avant leur petite personne.
On a tous une bonne raison d’aimer la pêche. Que ce soit pour le poisson en lui-même, le bivouac, la nature, … , chacun y trouve son plaisir. Mais je doute qu’en cherchant à tout prix à se montrer, on éprouve un réel plaisir concernant la pêche en elle-même. Et c’est bien dommage.
La course au sponsor
Le sponsoring fait aussi partie des dérives de la pêche de la carpe. Ou du moins, la course effrénée à la recherche d’un “sponsor”. Comme si c’était une forme d’aboutissement que de signer un contrat avec une marque. Certaines marques l’ont d’ailleurs bien compris en accordant une légère remise à certains, persuadés d’être “sponsos”. Alors qu’ils ne sont au final que des clients privilégiés. Et encore… Ces paroles seront très certainement sans effet mais il me semble important de comprendre qu’on va à la pêche pour soi avant tout ! Et si, un jour, une marque vous approche, c’est tant mieux. Mais ce n’est en aucun cas une fin en soi.
Vous l’aurez compris, comme une bonne majorité des passions, la nôtre n’échappe à des aspects peu reluisants. Si vous souhaitez échanger avec nous sur les dérives de la pêche de la carpe, n’hésitez pas à venir en discuter avec les membres de l’équipe Prowess sur notre page Facebook ou en commentaires dans les vidéos de notre chaîne Youtube !
A bientôt,
Alban Meunier